Osez, osez Annibale

Touche-à-tout visionnaire et exigeant, Annibale Oste (1942-2010) a travaillé la matière avec une rare liberté. Retour sur une oeuvre pleine de poésie et d’imagination.

Sculpture, entre réalité et paradoxe. Tel est le titre de l’exposition qui s’est tenue en 1982 à la Galerie Municipale d’Art Contemporain d’Arrezzo. À cette occasion, Annibale Oste présente l’une de ses oeuvres les plus célèbres : l’imposant Ulisse. On y retrouve le paradoxe qui inspire le sculpteur : la recherche du point d’équilibre entre le certain et l’éventuel, l’existant et l’inexistant.

Dans son travail, l’artiste multiplie les références à la statuaire antique tout en créant un décalage entre la substance physique réelle de ses sculptures et la perception qu’en a le spectateur. Son « Ulysse », comme sa « Déesse du vent » (La Dea del vento), créent l’illusion d’un lourd marbre blanc à partir d’un drapé en fibre de verre et de cuivre. Un vent fictif plaque sur les corps le voile qui les révèle – et les soustrait ! – à l’oeil du spectateur, trompé par le jeu du positif et du négatif. Annibale Oste sort délibérément du strict domaine de l’intelligible pour mieux exalter une passion toute enfantine chez son public, tenté de toucher l’oeuvre pour mieux la comprendre.

Mais l’artiste ne s’arrête pas en si bon chemin ! Il passe progressivement de la sculpture au design, en conservant cette touche poétique et baroque qui le caractérise. Ici, une élégante table en bois massif reposant toute entière sur un pied où l’on retrouve l’effet de drapé italianisant qui lui est si cher. Là, une lampe-corail qui évoque une atmosphère toute maritime. Une plongée dans les abysses à la recherche de la lumière ? Osez, osez Annibale, car plus rien ne s’oppose à la nuit…

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