L’histoire en marche

Le 5 novembre 2015, avec la vente La Tête dans les étoiles, FauveParis dévoilait une impressionnante collection de photographies datant de l’âge d’or de la conquête spatiale américaine (1963-1976). Preuve de l’engouement exceptionnel des néophytes comme des initiés pour ce pan si fascinant de l’aventure humaine, plus de 90 % des lots ont trouvé preneur, avec notamment un record mondial à 5 750 euro (frais compris) pour une vue du module lunaire Eagle rejoignant Apollo 11 (lot 94) !

En s’intéressant cette fois aux missions spatiales sous un angle plus technologique que strictement humain, FauveParis vous invite à découvrir comment, en un demi-siècle à peine, les missions américaines, soviétiques puis françaises, brésiliennes ou chinoises ont produit des effets incontournables dans notre vie quotidienne. Des applications de nos Smartphones (sans géolocalisation, pas de match sur Tinder !) aux algorithmes utilisés par les réseaux sociaux pour mieux nous connaître, en passant par la lutte anti-terroriste ou la cybercriminalité, l’écrasante majorité des technologies d’aujourd’hui doivent énormément aux ingénieurs de l’aérospatiale. Qu’Elon Musk, cofondateur du système de paiement sur Internet Paypal et de Tesla Motors, contribue depuis quelques années aux recherches visant à coloniser la planète Mars n’est, en somme, qu’un juste retour des choses.

Des guerres nourricières
Au XIXe siècle, les avancées technologiques et scientifiques, couplées à l’industrialisation et à la production de masse, donnent aux Européens une vision pacifique et sereine de leur avenir. La réalité leur donnera tort. Ce serait oublier à quel point les deux conflits mondiaux, au-delà de leurs portées géopolitique et idéologique, ont été le théâtre d’affrontement technologiques et scientifiques majeurs. La première guerre mondiale a par exemple constitué un formidable tremplin pour l’industrie chimique qui a rapidement adapté ses surplus aux besoins de l’agriculture intensive naissante : Karl Bosch en 1915 avec la production d’ammoniac explosifs transformés après-guerre en engrais de culture ou Fritz Haber, prix Nobel de chimie en 1920, avec les restes de sa production de gaz moutarde qu’il a diluée pour fabriquer des pesticides agricoles. Toutefois, à l’issue de la seconde guerre mondiale, c’est un tout autre défi que se lancent Américains et Soviétiques en s’attaquant à la conquête spatiale. En s’assurant le contrôle total des airs, les deux superpuissances maîtrisent de facto les terres, les océans ainsi que tous les canaux de communication existants. Comme vingt-cinq ans plus tôt avec la reconversion des chimistes militaires dans l’économie civile, les progrès en physique réalisés pendant la guerre (propulsion, aérodynamisme, frottements…) profitent directement à l’industrie de l’espace après 1945. Le programme V2 développé à partir de 1938 par les ingénieurs allemands donne en effet naissance aux premiers missiles balistiques opérationnels, ouvrant la voie aux lanceurs de l’ère spatiale. Ayant débauché les meilleurs savants de l’ère nazie, les Américains utilisent dès 1946 le missile V2 pour lancer des mouches dans l’espace afin d’étudier leurs réactions au rayonnement cosmique. En une petite dizaine d’années, forts des enseignements tirés de leurs expérimentations respectives, les deux camps parviennent à entièrement internaliser la production de leurs missiles balistiques [voir les lots 3 à 9 côté américain, 75 et 76 côté soviétique], qu’ils soient conventionnels ou nucléaires. Au milieu des années 1950, ce nouveau monde bipolaire entre de plain-pied dans l’ère aérospatiale.

Quand les idées fusent
Mais la conquête spatiale ne s’est pas arrêtée avec les missions lunaires ! Bien au contraire, il n’y a jamais eu autant de vols, de mises en orbite et d’explorations qu’aujourd’hui. Mais la perception du public a changé, d’autant que la révolution technologique qui s’est opérée sur Terre avec l’arrivée d’Internet au tournant des années 2000 a eu un impact immédiatement palpable sur nos modes de vie. Au total, la NASA évalue à plus de 1 600 le nombre de projets développées par ses ingénieurs et dont les effets bénéficient aujourd’hui au secteur civil  (optique, chirurgie, bâtiment, aéronautique, informatique, télécommunications…). Citons par exemple l’ordinateur de vol des capsules Apollo de 1966, le premier à être composé de circuits intégrés, qui a donné naissance aux PC. Mais également les uniformes ignifugés des pompiers, fruit des recherches destinées à protéger les circuits électriques des fusées du programme Apollo [voir le lot 1]. Mais encore les panneaux solaires, les détecteurs de fumée, les airbags, les perceuses sans fil… L’agence spatiale européenne a quant à elle damné le pion aux américains en matière de recherches météorologiques, un domaine de premier plan quand on sait que plus de 30 % de l’activité économique d’un pays dépend directement des prévisions climatiques [voir le lot 168] ! Quant aux amateurs de deltaplane et d’ULM, ils regarderont avec la plus grande attention l’exceptionnel dessin de 1962 [voir le lot 26] qui semble transformer les rêves de Léonard de Vinci en réalité.

Notre mythologie contemporaine
Durant les deux semaines d’exposition préalable à notre vente La Tête dans les étoiles en octobre-novembre 2015, les équipes de FauveParis ont été frappées par la précision des souvenirs du premier pas de l’homme sur la Lune dans la mémoire de nos visiteurs de 50 ans et plus. Même ceux qui n’étaient alors âgés que de 5 ou 6 ans à l’époque se remémoraient avec émotion cet événement qui semble avoir durablement marqué leurs vies, en filigrane ou au fer rouge. Ces très nombreux témoignages de première main nous ont convaincus qu’il y a eu, en cette curieuse nuit du 21 juillet 1969 [voir les lots 44 à 52], une forme de concorde et de fraternité universelle comme l’humanité n’en connaîtra probablement jamais plus. Tous ces héros sont aujourd’hui âgés (Alexeï Leonov a 81 ans, Jean-Loup Chrétien 77 ans, Buzz Aldrin 86 ans, sûrement plus toutes ses dents, mais tout de même 916 000 followers sur Twitter !), lorsqu’ils ne nous ont pas tout simplement quittés (Alan Shepard en 1998, Neil Armstrong en 2012…). Qui donc les remplacera dans notre panthéon universel ?

Aux yeux de FauveParis, organiser une deuxième vente aux enchères 100 % aérospatiale ne pouvait se faire qu’en élargissant le propos dans l’espace (aux missions soviétiques et européennes) et dans le temps (l’après). C’est le voyage auquel nous vous convions cette fois.

 

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