Entre novembre et décembre, les ventes aux enchères de bande dessinée se sont multipliées avec des chiffres records. Mais aux côtés des grandes maisons qui occupent l’actualité et qui défraient la chronique, il est utile parfois de regarder les vacations hors des chemins battus. Notamment cette vente de FauveParis qui affiche, parmi d’autres lots, deux planches d’Uderzo, dont une d’Astérix, et quelques cartoons de dessinateurs rares : Chaval et Henry Morez.
C’est un morceau de roi que la planche d’Astérix proposée cette semaine : une page de l’Odyssée d’Astérix, un album réalisé par Uderzo seul qui est un hommage à son complice René Goscinny : nos deux héros sont envoyés au Moyen-Orient pour ramener de l’huile de roche (du pétrole) qu’Epidemaïs avait omis de ramener d’Orient et dont on découvre qu’elle est un des ingrédients de la fameuse potion magique.
C’est évidemment une planche-clé de l’album : C’est l’une des scènes clé de l’album : Obélix corrige Zérozérosix, l’espion romain, caricature de Sean « 007 » Connery mais malheureusement le précieux liquide s’est répandu pendant la bagarre. C’est foutu pour la potion magique ! Et puis, dans une magnifique demi-page, on découvre l’une de ces batailles homériques dont nos irréductibles Gaulois ont le secret ! Comment ont-ils fait ? Le suspense est à son comble !
Cette planche est un cadeau fait par Uderzo à l’éditeur Bernard de Fallois qui conseilla le dessinateur dans la création de la maison d’édition Albert-René. On y retrouve toutes les qualités du dessinateur d’Astérix : une exécution impeccable, sans repentir, une composition d’une complexité ébouriffante, et un sens du détail comique irrésistible. Une pièce unique.
La planche de Belloy précède de plus de vingt ans la planche d’Astérix, même si l’on y retrouve des pirates qui ressemblent furieusement au Barbe Rouge d’Astérix. Ici, le scénario est de Jean-Michel Charlier, « l’Alexandre Dumas » de la BD, qui travaillait avec Uderzo et Goscinny à la World Press. Elle date du début des années 1950 mais les indications de couleurs ont été faites pour la parution ultérieure dans Pilote en 1962.
Autre joyau de cette vacation : des dessins de Chaval qui est l’un de plus élégants dessinateurs français, un artiste au dessin cérébral, maître absolu de l’humour noir, s’inscrivant dans la droite ligne des cartoonists du New Yorker et surtout le facétieux Henry Morez, élève du peintre de Montparnasse Emmanuel Mané-Katz, rescapé de la Shoah, et ami intime de René Goscinny et de Sempé. On retrouve ici, outre quelques-uns de ses dessins d’humour, des peintures qu’il réalisa sur la fin de sa vie, des œuvres sensibles, surréalistes et contemplatives.
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