#VenteFauve231

samedi 17 octobre 2020 à 10:30

Bijoux & montres • Arts d’Asie et indo-portugais • Objets d’art, dessins et tableaux anciens

Exposition du samedi 10 au vendredi 16 octobre de 11h à 19h et samedi 10 octobre de 10h à 10h30

École du XVIIe siècle École du XVIIe siècle École du XVIIe siècle École du XVIIe siècle École du XVIIe siècle

LOT 66

20 000 / 40 000 €

École du XVIIe siècle

Tabula Cebetis

Huile sur toile

105 x 196 cm

Attribuée à l’école d’Anvers du XVIIe siècle, cette peinture est inspirée d’un texte moral grec du deuxième siècle après J.-C intitulé Le Tableau, attribué à un dénommé Cébès, contemporain de l’empereur Marc Aurèle. Obscur aujourd’hui, le texte a pourtant traversé les siècles et connu des dizaines d'éditions en grec, en latin, en arabe et en français. Des peintres tels que Le Tintoret, Joris Van Schooten ou encore le français Quentin Varin se sont également emparés du sujet. Notre tableau s’inscrit en cela dans une riche tradition iconographique dont on rencontre des exemples gravés comme picturaux du Moyen-Âge au XVIIe siècle en passant par l’artiste bernois Joseph Plepp qui signe une œuvre jumelle en 1633, inspirée d’une gravure de Jacob Matham de 1592, elle-même réalisée d’après un dessin original de Hendrik Goltzius. Aujourd’hui exposée au Kunstmuseum de Berne, la toile de Plepp sera au centre d’une exposition à l’horizon 2021 à laquelle notre œuvre devrait également participer.  Le Parcours allégorique de l’âme humaine  Particulièrement encombrée et fourmillante, la toile n’est pas sans rappeler les caractéristiques de l’imagerie flamande telle qu’on la rencontre chez Pieter Brueghel l’Ancien ou Jérôme Bosch. Une multitude de personnages aux allures et expressions variées parcourent la toile, structurée à l’aide de trois enceintes concentriques en pierre, elles-mêmes surmontées d’un palais à l’antique élevé au sommet d’une montagne. Le tout est encadré par deux imposantes figures allégoriques du Temps et de la Vie humaine qui se dégagent d’un ciel d’orage. Cette composition complexe doit être appréhendée à la lumière du texte de Cébès puisqu’elle en reprend le déroulé à la lettre. Le point de départ se situe dans la partie inférieure du tableau. Devant un grand portail flanqué de deux colonnes, plusieurs enfants se sont rassemblés. Si les uns sont attentifs au vieillard, les autres s'enivrent aux côtés de la Tromperie qui, sous les allures d’une femme masquée, distille sa liqueur au parfum “d’erreur et d’ignorance” avant de les faire entrer “dans l’enceinte qui s’appelle la Vie”. Une fois passé ce portail symbolique, les épreuves vont alors se succéder. Sous des allures de courtisanes, les Opinions, les Voluptés et autres Passions se manifestent aux hommes et les arrêtent ou détournent de leur chemin. Dans cette débauche des sens et des esprits, les hommes se confrontent également à la Fortune évoluant, légère, sur un globe de pierre tout en dispersant des pièces d’or. Décrite comme “aveugle, sourde et insensée”, elle dépouille les uns pour enrichir les autres. Non loin, l’Intempérance, la Débauche mais aussi la Flatterie et l’Avarice, toujours sous les traits de femmes ensorceleuses, attendent les hommes selon leur bonne ou mauvaise fortune.  Une fois ses passions assouvies, les hommes doivent faire face à leurs bourreaux que sont la Peine, brandissant un cœur meurtri, ou encore la Douleur tenant son fouet à la main, à moins qu’ils ne soient directement jetés aux frères difformes du Deuil et du Désespoir ou ne passent leur vie dans le cachot du Malheur. Le repentir est toutefois possible et les hommes peuvent se libérer de ces supplices si tant est qu’ils suivent et recherchent l’Instruction. Le chemin est toutefois trompeur. C’est ainsi que poètes, philosophes, astrologues et cosmographes se trouvent leurrés par la Fausse Instruction - qui les accueille sous les traits d’une femme accueillante - et s’enferment dans l’enceinte supérieure. Aux côtés des Opinions, de la Tromperie, de l’Ignorance et de la Folie, ces derniers s’absorbent dans un travail vain sans parvenir à la sagesse. La Vraie instruction n’est donc pas le chemin accueillant indiqué par cette fausse déesse mais un sentier tortueux, raboteux et a priori impraticable situé en aval du palais. La Modération et la Patience attendent les hommes qui osent l’emprunter. Passé ce chemin, un palais merveilleux s’ouvre à ceux parvenus à se détourner des tentations qui peuplent les cercles inférieurs. Là ils pourront fréquenter la Déesse de l’Instruction, assise sur une pierre carrée, gage de stabilité, entourée par ses compagnes la Vérité et la Persuasion.  C’est là le séjour des Bienheureux où logent également toutes les Vertus et le Bonheur. Une fois purifiés dans le fleuve qui parcourt l’enceinte extérieure et soutenu par la Confiance et la Sécurité, les vertus se saisissent de l’heureux voyageur et le mènent à leur mère : la Félicité. Morale à l’antique En reprenant quasiment point par point le texte moral de Cébès, le tableau vise à donner une représentation symbolique des épreuves auxquelles se confronte l’âme humaine. À travers les difficultés, tromperies et fausses tentations manifestées sous la forme d’allégories, l'œuvre fournit également un modèle moral de conduite vers une vie vertueuse et sage dès lors qu’elle est soutenue par les vertus et guidée par la bonne instruction. 

Provenance

> Collection André Jacquemin (1904-1992), Montpellier > Collection privée, Montpellier (par descendance)

Rapport de condition

Réentoilée

Retour à la liste des lots