Le Monde : « Succès pour la première vente publique NFT de crypto-art à Paris »

Par Emmanuelle Jardonnet, 11 mars 2022

Tout le monde n’a pas pu entrer, et certains ont enchéri depuis la rue. Lucie-Eléonore Riveron, cofondatrice et dirigeante de la jeune maison de vente FauveParis, aura honoré son surnom de « madone des NFT », en réussissant à organiser la première vente aux enchères publiques de crypto-art, jeudi 10 mars au soir, dans une ambiance effervescente, devant un parterre de crypto-addicts et curieux plutôt jeunes.

[…] La flamboyante jeune femme s’est plongée dans le tourbillon et l’écosystème NFT il y a un an. […]

« J’y ai vu la possibilité de l’essor de l’art numérique. Ce marché a permis la valorisation et la validation de ces artistes. Et j’ai voulu organiser une vente à Paris », résume la professionnelle, qui s’est fait rappeler à l’ordre par le Conseil des ventes, autorité de régulation du secteur, lors d’une première tentative. La faute à un vide juridique concernant la vente de biens incorporels pour les maisons de vente en France. Prévue le 24 février, « The Prohibited Auction » (« la vente aux enchères interdite ») avait donc été annulée. Mais, dans la foulée, l’Assemblée nationale, puis le Sénat votaient une loi, promulguée le 1er mars, pour élargir les ventes aux enchères publiques à certains biens « incorporels ».

Reste pourtant un flou, notamment en ce qui concerne le décret d’application. Aussi Lucie-Eléonore Riveron a-t-elle joué la prudence en organisant cette vente, intitulée « The Burnt Auction » (« la vente aux enchères brûlée ») : n’étaient officiellement en vente, ce jeudi soir, que des impressions sur feuille A4 des « smart contracts » (le détail des contrats en ligne des œuvres), pièces ironiquement tangibles que les NFT « accompagnaient ». La pratique de « brûler » des NFT existe (pour les détruire), mais elle était là détournée, puisque les acheteurs ont été invités à brûler les contrats de papier avec des allumettes distribuées au public.

[…] « Les œuvres du premier marché, soit les deux tiers des lots, se sont très bien vendues. Celles du second marché, plus chères, plus difficilement », analyse Lucie-Eléonore Riveron.

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