Par Amélie Perrier, 10 mars 2022
Depuis la parution au Journal officiel d’une nouvelle loi, les maisons de ventes ne sont plus limitées aux œuvres « corporelles » et peuvent proposer de l’art numérique, sans support physique. La Maison Fauve Paris inaugure cette révolution dans le monde de l’art.
Jusqu’à présent, seules les grandes maisons de ventes internationales avaient mis aux enchères des NFT. La France compte bien rattraper son retard. Elle vient de modifier la loi : depuis la parution au Journal officiel d’un nouveau texte, les salles de ventes peuvent proposer des œuvres virtuelles aux acheteurs.
Fauve Paris s’est engouffrée dans cette ouverture et propose, ce jeudi 10 mars, la toute première vente aux enchères sur le territoire français. Sa dirigeante, Lucie-Eléonore Riveron, veut d’abord faire de la pédagogie, auprès du public et des collectionneurs plus traditionnels. Les NFT (« non-fungible token » pour « jetons non fongibles ») sont des certificats de propriété qui sont inscrits sur la blockchain, un mode de stockage des données sous forme de blocs liés les uns aux autres et protégés contre toute modification.
FauveParis expose depuis quelques jours les 47 œuvres numériques mises aux enchères : des photos, des animations 3D, des vidéos, présentées sur des écrans ou des tablettes de différents formats. « Ce sont des œuvres conçues par et pour des écrans« , explique la dirigeante de Fauve. On y retrouve les grands noms du crypto-art, comme Beeple, qui a vendu l’an dernier à l’étranger un NFT pour 69,3 millions de dollars chez Christie‘s. Ici, c’est une édition qui est proposée (comme une impression limitée et numérotée d’une œuvre originale), donc beaucoup moins chère, estimée entre 22 et 28.000 euros. À la vente aussi : les tableaux numériques du duo italien très en vue Hackatao, le lot numéro 5 « My Personal monolith » est estimé entre 220 et 260.000 euros.
Jusqu’à présent, les artistes numériques avaient du mal à vivre de leurs œuvres. « Par définition une image numérique est reproductible à l’infini. Le NFT permet de donner un acte de propriété d’une œuvre numérique, donc de lui donner de la rareté, donc de la valeur, donc de permettre sa commercialisation« , explique Lucie-Eléonore Riveron.
Et si certains n’y voient qu’un outil de spéculation bien éloigné de l’art, Lucie-Eléonore Riveron assure qu’elle ne veut parler que d’artistes, de collectionneurs et de collectionneuses. « Les NFT ne sont qu’un moyen, seulement un moyen pour donner de la valeur à des œuvres et permettre leur diffusion et leur commercialisation, pour offrir une reconnaissance aux artistes.«