Chères collectionneuses, chers collectionneurs, habitué·es, ami·es ou nouveaux venus, pour célébrer ses 10 ans 🥳, FauveParis s’est fait tirer le portrait par Maison Trafalgar.
J’ai satisfait ma volonté de désobéir afin de recréer un monde sensible, vivant, et libéré.
Maurice de Vlaminck
Aussi bien ancrée Place des Vosges que dans le quartier du Haut-Marais, la maison de ventes FauveParis n’a rien d’un lieu commun : loin des atmosphères moquettes et tentures, sa différence se révèle sitôt passées ses devantures. Indépendante, elle n’en a pas moins pignon sur rue ; chacun peut entrer et admirer des pièces remarquables, exposées une semaine avant d’être adjugées depuis l’estrade.
Ici, la chaleur des murs en pierre et en briques répond aux tons blanc cassé ; les vitrines et les œuvres suspendues forment un espace de trésors cachés. Les objets d’art, les mobiliers et les toiles éveillent les regards esthètes. Et chaque samedi, les ventes sont un jour de fête. La salle des enchères bouillonne au gré des mains levées, des hochements de tête, des téléphones qui vibrent et des ordres passés sur Internet. Les experts et les commissaires-priseurs s’activent tout à côté, dans la plus grande accessibilité. Toujours parés pour une question au débotté, leur éclairage complète à merveille celui des spots et des loupiotes.
De quelle manière cette porcelaine du XVIIIe est-elle arrivée en possession d’un sultan ottoman ? Pourquoi cette peinture dévoile-t-elle la démarche de l’artiste autrement ? D’où vient ce croquis, quelle est la particularité de cette photographie, à quoi servait ce bel objet, et qu’est-ce qui fait son cachet ?
Chez FauveParis, les cœurs s’emballent pour des céramiques orientales qui ont traversé les continents et les siècles, pour des peintures contemporaines inspirées par les charmes de la Méditerranée. Ils battent pour des sculptures, des planches originales, des clichés numérotés, des œuvres de maître et d’autres plus confidentielles ; pour des artefacts rares, des tableaux qui en disent long sur un contexte, une période, une personne.
Un manuscrit d’Alexandre Dumas diffuse son aura grâce à un autographe raffiné, embellit la lecture en laissant transparaître le cheminement intellectuel de l’auteur. Un portrait peint par Jean-François Raffaëlli prend une tout autre envergure, quand l’on découvre que cette étrange silhouette était en fait la plus grande femme de son époque.
Si une signature suffit pour donner à un lot toute sa valeur, l’équipe de FauveParis garde en tête l’attache sentimentale de l’objet dont on se sépare. Elle sait ce que représente la dispersion d’un patrimoine, ce que suscite une succession, et cette pointe de chagrin qui peut suivre le coup de marteau. Dans un jouet ancien peut se nicher le souvenir d’un proche, dans une boîte à musique celui d’un instant heureux. Un meuble peut rappeler une vie à hauteur de gosse, une esquisse être la réminiscence d’un sentiment amoureux.
Parce que les enchères ne sont jamais qu’un dénouement, la maison FauveParis s’assure au préalable du soin porté à chaque client, à chaque cliente. Les commissaires-priseurs prennent ainsi le temps d’inspecter. Du mobilier de style à la plus petite statuette de bronze, ils auscultent le moindre recoin, le moindre coup de burin. Ils regardent rondement, patiemment, décortiquent la technique, décèlent l’émotion.
Et si l’instinct peut repérer une patte, un trait, ils préféreront toujours la pédagogie au machinal – qu’il s’agisse de conseiller de grandes collectionneuses, ou de transmettre les ficelles au vendeur néophyte. Déconstruire de façon argumentée les certitudes sur un dessin a priori signé Picasso ; rechercher, remonter les indices pour découvrir qu’une estampe mérite d’être définitivement estimée : cet accompagnement au long cours donne de l’ampleur à chaque vente, permettant de combler avec exigence chaque attente.
FauveParis est de ces odyssées entrepreneuriales démarrées autour d’un verre et d’un monde à refaire – en tout cas à bousculer.
Lucie-Éléonore Riveron a été élevée dans le giron d’un père collectionneur d’affiches publicitaires, auprès duquel elle passait les week-ends à écumer les antiquaires. Un attrait pour l’art qu’elle creusa en travaillant pour des galeries jusqu’à devenir directrice éditoriale chez Piasa – là où couvait déjà son tempérament entrepreneurial.
Cédric Melado, lui, s’éprit du métier de commissaire-priseur à l’université de Poitiers. Les études se passaient sans grand entrain, jusqu’à ce que sa curiosité l’invite à suivre des ventes en ligne, que sa vocation s’ancre à mesure que les lots défilent et que les enchères s’envolent. Il s’en donnera les moyens par un cursus ad hoc jusqu’à entrer chez Tajan.
Alors que les futurs associés amorçaient leur carrière au sein de grandes maisons de ventes parisiennes, ils ne pouvaient que se rencontrer, comme le veut la coutume, à la Cave Drouot – bastion des professionnels où les anecdotes sur les ventes fusent, où la connaissance des arts infuse. À même pas trente ans, c’est là que le duo fait le pari de créer une maison en partant de zéro, de donner une nouvelle impulsion aux enchères en faisant fi de la règle voulant qu’une légitimité s’établisse sur un patronyme séculaire.
Ils pérégrinent, peaufinent et imaginent un lieu comme un idéal d’indépendance leur permettant d’organiser leurs propres ventes, contournant ainsi l’incontournable Hôtel Drouot. Lorsqu’ils quittent leur poste en 2013, Cédric et Lucie-Éléonore se montrent pugnaces pour donner du corps à ce projet encore affublé d’un nom de code – « Enchères et en os ». Levée de fonds et projection à cinq ans, business model et volonté de faire différemment, le duo ne prendra que quelques mois pour effectuer son premier pas de côté : s’installer dans le XIe arrondissement, à l’écart des quartiers les plus huppés.
Et de la même manière que les artistes fauves réinventèrent leur discipline avec aplomb et couleurs, la maison de ventes fédéra une petite équipe experte, avide de chambouler les habitudes avec ardeur. C’est donc soutenue par Dimitri, Nicolas et Alice, associés de la première heure, que FauveParis tentera d’abord de se défaire des protocoles en éditant ses fameux « magalogues ». Ces ouvrages où les lots s’imprimaient sur un papier mat et élégant, dans des dispositions au cordeau, où la liste des objets à vendre était rehaussée par des interviews de personnalités, d’Édouard Baer à Daphné Bürki en passant par Stéphane Bern.
Et de la même manière qu’elle s’essaya à la diversification en ouvrant un bar qui jouxtait la salle d’exposition, FauveParis s’appliqua à distiller une véritable démarche d’entreprise. La maison se familiarisa d’emblée avec le marketing digital, les problématiques de SEO et de SEA. Elle créa un site et un logiciel de ventes ex nihilo, ouvrant la voie à une décennie de contrepied.
Alors que la presse se faisait l’écho de cette envie de « libérer les enchères » et d’une image d’enfants terribles, chacun s’investit à la hauteur de la tâche. Les nuits courtes, les travaux et les meubles à monter. L’activation d’un réseau de collectionneurs, les déplacements en Europe pour prospecter et rapporter des pièces d’exception. Les retards d’installation d’un système de sécurité digne de ce nom, les rondes pour surveiller les œuvres en permanence.
Il fallut mettre aussi sur pied des scénographies minutieuses et des shootings photographiques savamment pensés, conduire les ultimes inventaires chez les particuliers, quitte à refaire quelques allers-retours jusqu’en Grèce ou au Portugal. Et surtout, accrocher l’enseigne « FauveParis » à peine deux heures avant son événement inaugural. Le soir du 29 avril 2014, la maison ouvrit ses portes dans une ambiance aussi électro qu’électrisante.
Portée par une brise d’insouciance, FauveParis mit une petite poignée d’années à trouver son tempo, à accélérer son développement. Sous l’impulsion d’un investisseur gouailleur, FauveParis repensa son modèle. Elle s’appuya alors sur ses fondements, sur les possibilités offertes par son premier choix : se donner le luxe d’être chez soi.
Dès 2017, la maison chavira donc les calendriers qui font loi dans son domaine en organisant une vente par semaine. FauveParis gagna alors en vélocité : en véritable maître des horloges, elle s’adapta aux besoins des vendeurs et vendeuses.
Désormais, un mois suffit pour qu’une pièce soit estimée, cataloguée, vendue et payée. Une régularité qui ne tourne jamais à la routine, tant FauveParis avive les enchères par des ventes thématiques autour d’œuvres et d’objets qui captent les imaginaires.
Comme ce cabinet de curiosités d’Augsbourg décoré de lapis-lazulis, et dont la myriade de compartiments secrets s’ouvre sur une histoire remontant au XVIIe siècle.
Comme ce gobelet de René Lalique que l’on pensait définitivement perdu, dont il ne subsistait que des articles sur l’Exposition universelle de 1900 et un cliché en noir et blanc. L’enthousiasme fut vertigineux, quand il s’avéra que les scarabées rhinocéros qui l’ornaient étaient en réalité bleus.
Mais au-delà de la poussière de Lune et des photographies de la NASA racontant la conquête spatiale, au-delà des impressionnantes créations verrières de Libenský et Brychtová ou de la couverture originale d’un album d’Astérix, FauveParis détonna aussi par ses prises de risque.
Elle se réorganisa en pleine crise sanitaire pour devenir la seule maison à dématérialiser ses ventes, la seule à continuer ses activités en plein confinement. Se connectèrent des acheteurs du monde entier, mais aussi ceux qui habitent à deux pas de la rue Saint-Sabin – dans ce voisinage, il n’est d’impasse ni d’artère où FauveParis n’a pas effectué d’inventaire. Trente nationalités se côtoyèrent pour assister au spectacle donné par Cédric face à sa caméra.
Aujourd’hui, les ventes attisent toujours l’intérêt au-delà des frontières et restent le siège d’émotions vives. Se refusant à passer les lots sur un mode automatique, FauveParis mène les enchères en cultivant un certain art du rythme et du trait d’esprit.
Elle organise surtout des ventes thématiques et curatées, se taille une réputation en faisant belle place au design de la seconde moitié du vingtième siècle, aux arts singuliers, aux pièces rendant les intérieurs particuliers. Tandis que ses enchères régulières de bijoux et d’accessoires de luxe, ses ventes écrins, dédiées à une seule collection, positionnent FauveParis à la pointe d’expertises pointues.
Parce qu’elle a toujours été attendue au tournant, la maison n’a jamais manqué un virage, se plaçant sur les marchés émergents, embrassant les usages d’avant-garde. Elle n’hésita pas à donner du crédit à la cryptomonnaie, à soutenir les arts numériques et leur commercialisation. FauveParis fait date en 2022 avec The Burnt Auction, la première vente aux enchères de NFT en France. Dans une salle comble, le marteau soulevait clameurs et applaudissements, tandis qu’un public tout aussi agité se postait à l’extérieur, enchérissant depuis le trottoir.
FauveParis réalisa là ce qu’elle avait toujours voulu voir : une brèche dans un monde d’initiés. Après dix ans d’existence, si la maison s’est imposée tout en conservant son décalage, c’est que chacun des membres de l’équipe a développé sa passion en dehors du sérail, au cours de trajectoires non standards.
Ces talents tombés dans l’art et dans les livres, ceux qui ont mis le droit de côté pour bifurquer et se révéler à l’École du Louvre. Celle qui rêvait de s’illustrer dans le dessin scientifique, celui qui a nourri son goût pour l’entrepreneuriat comme pour la peinture d’après-guerre.
Toutes celles et ceux qui étaient là lors des prémices, lorsque les fondements devaient être posés ; qui ont ensuite rejoint l’aventure quand il fallait encore oser, comme Simon, entré comme stagiaire et devenu, au fil des années, commissaire-priseur associé. Il y aura aussi Paul, l’indispensable clerc principal, puis Alexandra qui contribuera à parfaire l’approche sur mesure de FauveParis.
Comme un pied de nez à ses propres origines, FauveParis a ouvert un second lieu, exclusivement dédié à l’estimation, sur la prestigieuse place des Vosges.
La maison a beau être fière de voir poindre en son sein quelques tempes grisonnantes, elle soigne avec la même vitalité ce qui rend le métier si grisant. FauveParis vibrera toujours à chaque fois qu’une pièce unique sera découverte au fin fond d’un sous-sol ou dans les coffres d’un grenier.
Elle préservera toujours cette intégrité et ce respect du beau, comme lorsqu’elle aida à appréhender un receleur, désespéré de vendre un Gustave Courbet volé. Elle se fera toujours une joie de discerner la griffe de Braque après avoir soulevé un drap ; de sortir d’un carton plein de breloques, une panthère sculptée par la main de Bugatti.
Et de la même manière que la maison souffle volontiers à une brocanteuse qu’elle détient le dessin d’un artiste japonais en vogue, elle partira toujours en inventaire avec l’espoir de l’archéologue. Parce que FauveParis a pour elle la sagesse et la fraîcheur que lui confère son âge, la maison n’a pas fini d’imprimer sa marque, d’affirmer son amour de l’art.
Nous pensons également à toutes celles et tous ceux qui ont contribué et/ou contribuent encore à cette épopée, pour quelques semaines ou quelques années : Fauves un jour, Fauves toujours ! Avec, par ordre d’apparition : Anne-Charlotte, Raphaël, Benjamin, Angéline, Fabien, Ferdie, Elisa, Lora, Rama, Salomé, Céline, Marie, Hortense, Adrien, Mathieu, Marco, Oriane, Carine, Arthur, Perla, Chloë, Jimmy, Lucile, Vincent, Gwenola, Zoé, Joséphine, Patrice, Ash, Camille, Ludivine, Matéo et bien sur Julien, Marie D., Charles, Solange, Dominique et Christiane, ainsi que nos parents et nos proches qui elles et eux aussi, vivent Fauve ! 🐅