Design • Photographie • Dessins • Peinture [Abstractio...
Design • Photographie • Dessins • Peinture [Abstraction 50’, Art brut]
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Pendant trente-cinq ans des amateurs d’art se sont retrouvés au numéro 17 de la rue des Beaux-arts, à quelques enjambées de l’Ecole éponyme où certains de ses anciens élèves qui y avaient entrepris leur parcours dans l’immédiate après-guerre, exposent dans une galerie ouverte en 1987 par un passionné d’art.
La galerie Callu Mérite compte parmi les lieux initiatiques parisiens engagés dans les années quatre-vingt à redonner une visibilité aux années cinquante qui régénéraient alors la scène parisienne et nationale.
La Nouvelle école de Paris reprend ses marques.
Après ses années de combat menées conjointement par la critique et des galeries pionnières éloignées après trois décennies, la relève est assurée par des passeurs qui reprennent le flambeau.
François Callu Mérite est un de ces acteurs convaincus de la réhabilitation urgente d’un grand nombre d’artistes qui en les réveillant d’un oubli relatif, leur redonnera la place légitime qui est la leur dans l’histoire de l’art français. Mesure-t-il l’ampleur du choix qu’il s’apprête à faire ?
Il y est préparé par son milieu familial. Un grand-père peintre animalier, un oncle également peintre, ami de Picasso et fondateur du musée de Céret. Sa passion pour l’art s’épaule d’une double attente, celle d’être surpris et d’être émerveillé. Elle entre en résonance avec une sensibilité active, impatiente à s’ouvrir à des mondes aussi diversifiés qu’inattendus. La redécouverte de peintres injustement remisés ou oubliés est imputable aux modes autant qu’aux règles commerciales du marché de l’art. Cette génération est celle que la critique a baptisé du nom de Nouvelle école de Paris.
En se remettant dans les pas de ces illustres prédécesseurs marchands dont il partage des affinités électives, François Callu Merite exerce son œil en peinture, sous-tendu par une connaissance et une intuition qui lui font distinguer le style de la manière, et différencier un artiste d’un suiveur.
En inaugurant sa galerie avec une exposition consacrée à Serge Rezvani (1987) qui était peintre avant de devenir écrivain, le ton est donné. Il renoue avec la conviction de devenir à son tour un témoin de l’histoire de l’art, de ses héritages comme de ses conquêtes. La peinture abstraite construite et lyrique sera son terrain d’élection (Bryen, Roger Chastel, Jean Bertholle, Jean Peyrissac, Marcel Bouqueton, Maria Manton, Don Fink, Oscar Gauthier, Ferdinand Springer, Claude Viseux, Claude Georges, Bernard Quentin…). Une pléiade d’artistes est convoquée pour recentrer la vision de l’historien et celle du collectionneur. La place dominante de Paris qui retrouvait un second souffle après la guerre avec des artistes venus de tous les continents est ici démontrée.
Les surprises ne manquent pas dans une sélection effectuée par le marchand, autant collectionneur amoureux que galeriste.
Nulle nostalgie n’accompagne ce florilège qu’il offre aujourd’hui à d’autres attentes, d’autres regards, d’autres bonheurs. On mesure que son choix est le résultat d’une passion qu’il souhaite partager une nouvelle fois au-delà des expositions passées dont les catalogues qui les accompagnaient gardent le souvenir ému, et aujourd’hui témoignages historiques de son activité.
L’aventure se poursuit par la transmission.
Le temps avec lequel il faut compter témoigne de la permanence de l’art, de sa vérité et de sa modernité atemporelle. C’est peu dire que la création artistique est éternellement salvatrice.
Lydia Harambourg
Membre correspondant de l’Académie des beaux-arts
Auteur du Dictionnaire des peintres. Ecole de Paris 1945-1965
Editions Ides et Calendes, Neuchâtel 1993. Réédition 2010
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