Sans titre, 1959

Encre sur papier signé et daté en bas à droite

28 x 22 cm

Dans Art International, le critique R.C. Kennedy analyse en avril 1967 qu’âgé de trente ans, japonais et autodidacte, Key Hiraga succombe assez naturellement à la tentation de trouver
son inspiration majeure dans l’œuvre d’un de ses aînés. Le Dubuffet de la période des graffitis a été pour lui une révélation. Pourtant, il est parvenu à s’en approprier les motifs originaux, en les détournant grâce à un humour cruel très personnel. De plus, en portant le combat comme il le fait au cœur même de la matière, galvanisé par la détermination et
la violence obsessionnelle de son constat lucide et sans ambiguïté sur notre monde, il élargit enfin ce langage visuel,
qui semblait propre à Dubuffet, au niveau d’une conversation enflammée, universelle et familière.

Entre BD, expressionnisme et art brut, cette belle encre, réalisée en 1959 à l’époque de son premier voyage à Paris (ville où
il s’établit en 1965), offre un véritable précipité de la première période d’Hiraga, avec ses protagonistes qui se télescopent dans des saynètes urbaines frénétiques, et l’usage du phylactère, empli de caractères illisibles, qui préfigure la période des Fenêtres, qui le rendra célèbre et dont un exemple iconique est conservé dans les collections du MoMA de New York.
Stéphane Corréard & Hervé Loevenbruck

Encadré