Esprit 80-90, décennies iconiques - curated by Cédric Melado

samedi 25 mars 2023 à 10:30

« Esprit 1980-1990 » Retour sur deux décennies iconiques   On qualifie souvent le design du début des années 1980 de « postmoderne », tant celui-ci se caractérise par un rejet des structures formelles établies par le modernisme quelques décennies plus tôt. Comme avec le Bauhaus à partir des années 1920 puis Le Corbusier au milieu du XXe siècle, cette tendance est d’abord née de la critique architecturale avant de se propager dans tous les arts. Sous l’impulsion de créateurs américains dans les années 1960-1970, ce sont d’abord des théoriciens et designers italiens (Mendini, Sottsass…) qui, à Milan, remettent à plat les arts décoratifs.   Puis, en France, les années 1980 sont bien sûr marquées par l’arrivée historique de la gauche au pouvoir. Un tournant idéologique qui marque au fer rouge l’histoire de l’art et du design, mais également de la mode et du graphisme. Le mouvement punk, le retour à la figuration inspire les artistes : Klasen, Segui, Combas, Boisrond, les frères Di Rosa… leur peinture constitue un témoignage clé de ces années effervescentes. Une nouvelle génération d’artistes et designers voit le jour dans un contexte où la liberté d’expression est reine. Philippe Starck, Olivier Gagnère, Elizabeth Garouste ou Mattia Bonetti deviennent des créateurs stars au même titre que Jean-Paul Gaultier ou Thierry Mugler.   Bien que la chute du mur de Berlin en 1989, la première guerre du Golfe en 1991 et la crise financière qui a suivi aient nettement freiné cette dynamique, la plupart de ces créateurs ont poursuivi leur carrière tout au long des années 1990. La majeure partie d’entre eux, devenus des professionnels matures et respectés, connaitront d’ailleurs leur institutionnalisation à la toute fin de cette décennie.   C’est à ces deux décennies d’une créativité folle, mêlant impertinence et provocation, que FauveParis souhaite aujourd’hui rendre hommage, à travers une sélection d’œuvres et de meubles des artistes iconiques de la toute fin du XXe siècle.

Exposition du samedi 11 mars au vendredi 24 mars 2023 de 11h à 19h, le samedi 25 mars de 10h à 10h30

Michel Potage (1949-2020)

LOT 44

2 000 / 4 000 €

Michel Potage (1949-2020)

Table, 2002

Huile sur papier marouflé sur panneau monogrammé et daté en bas à droite

140 x 140 cm

« Les allées et venues entre le salon et l’atelier se font de plus en plus nombreuses, vaines. Je ne tiens Pas en place. Puis ça se fait plus rare. On s’installe dans le regard Quelques journées où ça semble couler de source Puis tout foire. Je me répète: lâche prise, mais rien n’y fait. J’essaierai tout jusqu’au dégoût de soi. » Michel Potage (in Michel Potage Greenyard Pieces, édition Henry Bussière Art’s, Paris, 1996) Dans un article daté du 17 mai 2015 publié dans Télérama, Olivier Cena s’interroge : “Qu'est devenu Michel Potage ? L'œuvre de ce peintre français, aujourd'hui âgé de 65 ans, a disparu des cimaises il y a une dizaine d'années.” L’artiste nous a quittés en 2020 et l’actualité ne l’a pas encore rattrapé. Romantique et figuratif dès la fin des années 70, admiratif de la peinture de Francis Bacon, Michel Potage est anachronique : quand Warhol nous vend le quart d’heure de célébrité, lui clame chez Thierry Ardisson “j’essaie d’être personne, I am nobody”. Cela explique que son œuvre ne ressemble à aucun autre. Michel Potage a la peinture chevillée au corps : il peint dans la solitude du lieu sacré qu’est son atelier, après avoir longtemps attendu l’inspiration… et, lorsqu’elle monte, il devient frénétique, acharné, virtuose. Il peint le sujet jusqu’à l’épuiser, d’où un travail sériel : les Aborigènes, les correspondances entre Van Gogh et son frère Théo, les Tziganes, la série mythique des Arbres… Potage est exigeant avec lui-même, voire intransigeant, dans un poème rédigé à l’occasion de son exposition à la galerie Guigon en novembre 1997, il écrit : « Les yeux m’en tombent Tous les jours je veux peindre Le tableau qui manque À ma conception de la peinture Dans l’instant même. » Lorsqu’il s’entretenait avec Thierry Ardisson dans Lunettes noires pour Nuits blanches le 28 octobre 1989, Michel Potage déclarait "je peins pour moi-même, et pour quelques amis…». Tenons le pari qu’au fil du temps, ses amis seront de plus en plus nombreux.

Provenance

> Galerie Thierry Spira, Paris (étiquette au dos) > Collection privée, Paris

Rapport de condition

Encadré

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