L’Heure des redécouvertes

samedi 02 juillet 2022 à 14:00

Tout vient d’un constat : autour de nous les images ne cessent d’éclore. Pourtant le monde nouveau semble redondant, le sentiment de déjà-vu devient lancinant. Sortons la tête du flux et sonnons ensemble l’heure des redécouvertes ! Prenons le temps de poser notre regard présent sur les créations des artistes de la seconde moitié du XXe siècle. Celles et ceux qui ont côtoyé le marché de l’art avant que la lumière ne s'en détourne. Celles et ceux qui ont fait leur parcours dans l’ombre, loin des éclats mondains. Celles et ceux sur qui nous souhaitons proposer un nouvel éclairage aujourd’hui. Pour autant, loin de nous l'idée de regretter un âge d'or fantasmé, par définition toujours déjà derrière nous. Harold Rosenberg l’éprouvait déjà dans un article du New Yorker, en 1963* : « L’audience d’avant-garde est ouverte à tout. Ses représentants – conservateurs de musées, professeurs d’écoles d’art, marchands – s’empressent d’organiser des expositions et d’apposer des étiquettes explicatives avant même que la peinture ne sèche ou que le plastique ait durci. […] La tradition du nouveau a rendu banales toutes les autres traditions… » Il ne s’agit pas de faire l’éloge de la nostalgie mais de s’attarder sur le parcours d’artistes pour lesquels la « tradition du nouveau » s’est transformée en malédiction. Décélérer, pour contempler la peinture sèche, parfois craquelée, d’une époque encore récente, toujours actuelle, peut-être éternelle ? Simon Barjou-Morant * Réflexion sur la différence de réaction du public devant la première exposition de l’avant-garde à New York en 1913 (Armory Show) et celle d’un nouveau public.

Exposition en cours jusqu’au vendredi 1er juillet 2022 de 11h à 19h et samedi 2 juillet 2022 de 10h à 10h30

Michel Potage (1949-2020)

LOT 40

500 / 800 €

Michel Potage (1949-2020)

Composition - série Van Gogh, 1984

Crayon et lavis sur papier signé en bas à droite, daté “18/X/1984” en bas à droite et à gauche

32.5 x 99.5 cm

« Les allées et venues entre le salon et l’atelier se font de plus en plus nombreuses, vaines. Je ne tiens pas en place. Puis ça se fait plus rare. On s’installe dans le regard Quelques journées où ça semble couler de source Puis tout foire. Je me répète: lâche prise, mais rien n’y fait. J’essaierai tout jusqu’au dégoût de soi. » Michel Potage (in Michel Potage Greenyard Pieces, édition Henry Bussière Art’s, Paris, 1996) Dans un article daté du 17 mai 2015 publié dans Télérama, Olivier Cena s’interroge : “Qu'est devenu Michel Potage ? L'œuvre de ce peintre français, aujourd'hui âgé de 65 ans, a disparu des cimaises il y a une dizaine d'années.” L’artiste nous a quittés en 2020 et l’actualité ne l’a pas encore rattrapé. Romantique et figuratif dès la fin des années 70, admiratif de la peinture de Francis Bacon, Michel Potage est anachronique : quand Warhol nous vend le quart d’heure de célébrité, lui clame chez Thierry Ardisson “j’essaie d’être personne, I am nobody”. Cela explique que son œuvre ne ressemble à aucun autre. Michel Potage a la peinture chevillée au corps : il peint dans la solitude du lieu sacré qu’est son atelier, après avoir longtemps attendu l’inspiration… et, lorsqu’elle monte, il devient frénétique, acharné, virtuose. Il peint le sujet jusqu’à l’épuiser, d’où un travail sériel : les Aborigènes, les correspondances entre Van Gogh et son frère Théo, les Tziganes, la série mythique des Arbres… Potage est exigeant avec lui-même, voire intransigeant, dans un poème rédigé à l’occasion de son exposition à la galerie Guigon en novembre 1997, il écrit : « Les yeux m’en tombent Tous les jours je veux peindre Le tableau qui manque À ma conception de la peinture Dans l’instant même. » Lorsqu’il s’entretenait avec Thierry Ardisson dans Lunettes noires pour Nuits blanches le 28 octobre 1989, Michel Potage déclarait "je peins pour moi-même, et pour quelques amis…». Tenons le pari qu’au fil du temps, ses amis seront de plus en plus nombreux.

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