Sans titre, 1972

Paille et technique mixte sur tapisserie signée à l’encre au dos
Pièce unique réalisée en collaboration avec l’atelier Josep Royo

186 x 184.5 cm

Tapiés, maître de la matière
« Nous sommes unis à chaque détail, chaque chose, chaque arbre, chaque animal, chaque montagne de la nature. L’homme est une sorte de développement naturel de cet ordre primitif » - Antoni Tapiés
Dès les années 1960, l’artiste catalan installé à Paris intègre dans ses œuvres des objets du quotidien en questionnant les notions de matérialité et d’identité. En particulier celles qui lient l’être humain à la nature. Les tons qu’il adopte renvoient à la terre, à la poussière et aux effets d’ombre comme pour inviter les spectateurs·trices à l’introspection et à la méditation. Le parti-pris d’une matière épaisse et riche place Tapiés aux confins de la peinture et de la sculpture.
Tapiés évoque avec finesse et style, comme le ferait un·e auteur·e, la fragilité des êtres et l’absurdité de la course vers le néant que lui ont inspiré les tragédies du XXe siècle. Mais contrairement à un·e écrivain·e, sa plume est la matière. Une matière presque originelle, et en tout cas reconnaissable entre toutes.
En cette année 1972, et depuis une décennie, l’interminable régime franquiste semble avoir marqué d’une profondeur sombre l’œuvre de Tapiés. Le travail de l’artiste engagé, Tapiés, plus importante figure de la peinture espagnole de la seconde moitié du XXe siècle, se mesure alors au jeune Arte Povera qui, en Italie, défie ce libéralisme naissant et bientôt tout-puissant. Père respecté des mouvements artistiques contestataires et inspirateur subtil des arts conceptuels engagés, Antoni Tapiés est aussi l’artiste qui aura le mieux su faire le lien entre les traditions des arts primitifs et l’art contemporain. DJ

> Galerie Sala Gaspar, Barcelone
> Martha Jackson Gallery, New York
> Galerie Claude Bernard, Paris
> Collection privée, Paris

> Francesc Miralles, Antoni Tàpies, Tapissos, Escola Massana, Barcelone, 1986, p. 32, reproduit en noir et blanc
> Anna Agusti, Antoni Tapiés, The Complete Works 1969-1975, Rizzoli, New York, 1992, p. 298, №255 (reproduit en noir et blanc)