« Les NFT, je n’y comprends rien »

Par Lucie-Éléonore Riveron, présidente de FauveParis

Ceci est un cri du cœur : il n’y a pas à comprendre les NFT, il faut simplement ressentir !

Un NFT est un simple outil technologique qui permet de donner de la valeur à des ŒUVRES D’ART conçues par et pour des écrans (un NFT peut servir à beaucoup d’autres choses mais ceci n’est pas le sujet).

Acheter et vendre une toile ou une sculpture ?
Ceci est très facile : vous l’aimez, vous l’achetez, vous la possédez, vous l’avez chez vous.
Pour une animation vidéo ou un collage numérique c’est plus difficile : vous l’aimez, vous l’achetez, mais l’œuvre numérique continue à être diffusée sur la toile. Le NFT (issu de la technologie révolutionnaire qu’est la blockchain), vous permet d’en devenir l’unique propriétaire, sans en empêcher la diffusion.
Ceci n’est pas plus compliqué, il n’y a rien d’autre à comprendre.

Certes la blockchain et les NFT couvrent de nombreux domaines connexes : crypto-monnaies, collections d’animaux pixellisés (pas toujours très beaux), vidéos, accessoires pour métaverses…Mais ici je vous parle d’art. De création. D’œuvres. D’artistes. De collectionneurs et de collectionneuses. Le NFT n’est qu’un moyen, et comme vous n’avez pas besoin de comprendre comment fonctionne internet pour l’utiliser et en jouir au quotidien, inutile d’en savoir plus sur la blockchain et les NFT à ce stade.

Alors débarrassez-vous de vos a priori, laissez de côté les gros titres sulfureux de la presse et laissez-vous surprendre. Vous n’aimerez pas tout, évidemment, mais aimez-vous tous les peintres, de toutes les époques, de tous les styles ?
Découvrez les réinterpréations néo-classiques de l’histoire de l’art 3.0 de Léo Caillard ou Stephan Breuer, les propos impertinents d’Albertine Meunier, l’infinie poésie d’Hermine Bourdin, Réphaël Erba, Clément Morin, Roger Kilimanjaro ou Tom Fabia, les envoûtantes animations 3D d’Agoria, de Benjamin Bardou, de Brendan Dawes ou de Samy La Crapule. Plongez dans le néo-pop avec PosterLad, Xerak, Benjamin Spark, Yacine Ait Kaci, Louis16art, Teto ou les splendides compositions en noir et blanc d’Urbandrone, Tim Maxwell ou Julien Gachadoat.
Découvrez les artistes les plus important·es de la jeune histoire du crypto-art, qui battent tous les jours de nouveaux records de vente : Pak, Beeple, Hackatao, XCopy, Fewocious, Miss Al Simpson, Pascal Boyart. Apprenez qu’aujourd’hui le code et l’intelligence artificielle sont les pigments et les burins d’autrefois : les œuvres d’Obvious, Abdoulaye Barry, CharlesAi.eth, en sont des exemples à la beauté déconcertante.
Appréciez les recherches autour du voxel (le pixel 3D) de Denis Santelli ou du jeune Kibo, l’univers non-figuratif et élégant de Margaux Klein, les vidéos politiques de Rekt.News ou l’univers décalé et foncièrement communautaire des collections de « photos de profil » Clone-X, Meebits ou Avastars.
Soyons fières et fiers surtout de notre scène française, dont vous trouverez une large sélection dans cette vente.

Ceci n’a pas été simple à organiser. Juridiquement tout d’abord car la temporalité n’est pas idéale, entre un article du Code du commerce encore en vigueur n’autorisant pas explicitement la vente aux enchères de biens incorporels (c’est d’ailleurs pour cela que tous les lots de la vente sont des impressions sur papier, auxquelles sont simplement joints des NFT) et une loi ouvrant cette possibilité votée il y a quelques jours par le Parlement, promulguée le jour où j’écris ces lignes mais sans décret d’application pour l’heure.
Techniquement parlant ensuite car, par définition, tout est nouveau, de l’exposition des œuvres numériques – de format, durée et son différents – à leur affichage sur notre site.
Philosophiquement enfin : quelle position adopter en tant qu’intermédiaire (qui plus est garantissant d’ordinaire la confidentialité des parties) dans un univers, celui de la blockchain, dé-médiatisé et totalement transparent ?

Je suis aujourd’hui persuadée que notre rôle en tant que maison de vente aux enchères est d’accompagner cette révolution de l’art numérique et du crypto art que permettent les NFT. Il est de notre devoir de créer des ponts en amenant les collectionneurs et collectionneuses d’art contemporain à appréhender l’art des écrans, leur faciliter la tâche, les rassurer par nos obligations déontologiques et des procédés qu’ils et elles connaissent, accompagner la création de wallet, l’exposition de leurs achats sur des écrans, petits ou grands, à poser dans leur salon — et pourquoi pas ?

Mais il nous revient aussi de faire entrer les crypto artistes dans la grande histoire de l’art, celle validée par le temps et par le marché, qu’on le veuille ou non. Avoir une cote est une forme de reconnaissance pour les artistes, et seul le passage en vente publique peut la créer. Pas évident pour les artistes habitué·es à vendre par eux-mêmes et elles-mêmes sur les plateformes de vente de NFT de se confronter au marché «IRL» («in real life», dans la vie réelle), c’est un enjeu et cela doit pouvoir leur permettre de toucher d’autres types d’acheteurs et d’acheteuses.

Encore une fois, il n’y a pas à mon sens d’artistes NFT ni de collectionneur·ses de NFT. Les mondes ne sont pas parallèles, ils sont poreux et doivent s’inspirer et se répondre. J’aimerais pouvoir vendre des NFT de crypto art au même titre et en même temps qu’une œuvre de Pierre Soulages ou qu’un meuble de Charlotte Perriand. La vente aux enchères est un spectacle, une manière d’acheter inoubliable et incomparable, celle du coup de cœur, hic et nunc, de la bataille d’enchères et de l’envie à tout prix. Un spectacle au service des œuvres, des artistes, des collectionneurs et des collectionneuses.


Ceci est un pari, relevons-le ensemble !
WAGMI 😉

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