Exceptionnelle couverture originale de l’album Astérix Le Grand Fossé, 1980

Gouache sur papier contrecollé sur carton, signé sur le passe partout et trace de dédicace effacée “à Bernard de Fallois qui a...” en bas à droite

H. 14 in L. 11 in

Un original d'une couverture d'Astérix est un trésor. Combien de dessins peuvent se vanter d'être à ce point identifiables pour des dizaines de millions de personnes ? Chaque lecteur ou lectrice d'Astérix connaît par cœur les couvertures des albums qu'il ou elle a lus et relus. Icônes de notre culture populaire, elles sont comme un paysage familier. Nous les reconnaissons au premier regard. Nous y sommes chez nous. Uderzo concevait ces dessins originaux avec un soin infini, créant des compositions souvent en couleurs directes d'une grande force évocatrice. Il conservait la plupart de ces œuvres encadrées au mur de son bureau de Neuilly, comme un musée personnel. Sur les 33 couvertures d'Astérix qu'il a réalisées, il n'en existe qu'une poignée dans les collections privées. C'est dire si cet original, offert par Uderzo à l'éditeur Bernard de Fallois à la fin des années 80, et présenté ici pour la première fois en vente publique, est un trésor retrouvé, digne d'un musée de la bande dessinée. En 1979, suite au décès brutal de René Goscinny, Albert Uderzo prend la décision de poursuivre Astérix en solo. Aussitôt, il se met à l'ouvrage avec Le Grand Fossé, qui porte bien son nom : le fossé est grand à franchir pour le dessinateur, désormais seul aux manettes des aventures du petit Gaulois, sans son complice et ami de toujours. Pour la première fois, le visage d'Astérix apparaît en gros plan sur une couverture d'un album, dans une posture iconique. « Astérix est de retour ! » semble nous dire cette image. Dans un jeu de couleurs intense et chaleureux, Uderzo réalise une composition d'une simplicité et d'une éloquence confondantes. Les silhouettes des jeunes amoureux héros de l'histoire se détachent sur le rond blanc de la lune, référence au balcon de Roméo et Juliette, tandis qu'Astérix, le regard empli de tendresse, est tourné vers nous, lecteurs et lectrices, dans un effet d'adresse troublant... Comme pour mieux nous inviter à continuer à le suivre dans ses aventures. Ce retour est d'autant plus risqué pour Uderzo que l'aventure artistique se double d'un pari éditorial: le dessinateur fonde sa propre structure pour éditer cet album, Les Éditions Albert-René. Pour l'épauler, il lui faut des alliés solides. Uderzo raconte : « L'album terminé, je demande qu'il soit distribué par les Presses de la Cité, grande maison d'édition dirigée par un homme extrêmement courtois et professionnel, Bernard de Fallois [...].J'attends avec une certaine angoisse les résultats de mon premier album en solitaire. Chose inouïe, le chiffre de vente est extraordinaire : plus de deux millions d'exemplaires! Je n'y crois pas ! Il dépasse tous ceux des albums publiés par Dargaud. […] Certains ont laissé entendre que ce scénario avait certainement été écrit par René Goscinny avant de disparaître ; c'est le plus beau compliment que l'on pouvait me faire ! » Le pari d'Uderzo est gagné. Le succès d'Astérix aux Éditions Albert René est total et ne s’est jamais démenti jamais. Et c'est pour remercier Bernard de Fallois d'avoir répondu présent à ses côtés dès le départ qu'Uderzo, quelques années plus tard, décroche cet original du mur de son bureau, le signe, le dédicace sur le passe-partout et le lui offre, en signe d'amitié et de gratitude. Avril Tembouret

> Offert à la fin des années 1980 par Albert Uderzo à Bernard de Fallois (1926-2018) directeur général des Presses de la Cité puis fondateur des Éditions de Fallois en 1987 > Offert par Bernard de Fallois à un proche collaborateur

> Albert Uderzo, Le Grand Fossé, Éditions Albert René, 1980 > Uderzo, comme une potion magique, catalogue de l’exposition au Musée Maillol, Musée Maillol, Paris 2021 pour le crayonné de la maquette de la couverture > Notre dessin est visible sur de nombreuses photos de presse d’Uderzo à son bureau de Neuilly par exemple en 1987 pour TV Magazine, en 1988 prise par Schmitt pour Picture Alliance (illustrée) et en 1989 pour les 30 ans d’Asterix prise par Philippe le Tellier

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