LOT 19
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Georges Braque (1882-1963)
Le Pichet au rameau, 1955
Huile sur toile signée en bas à gauche, titrée et datée au dos
48.5 x 65 cm
Georges Braque • Du pinceau au rameau
« Quand la nature morte n’est plus à la portée de la main, elle cesse d’être nature morte. Cela répondait pour moi au désir que j’ai toujours eu de toucher la chose et non seulement de la voir… »
Dans les décennies d’après-guerre, Georges Braque appartient à cette frange d’artistes portés aux nues par le public et la critique. Fer de lance du cubisme avec Picasso un demi-siècle plus tôt, Braque a largement conquis les cimaises des plus grands musées du monde. Et ce n’est pas un hasard si, en 1948, le peintre est couronné du Grand Prix de la Biennale de Venise à l’issue de la première édition organisée depuis la fin de la guerre. Dès l’année suivante, d’importantes rétrospectives lui sont consacrées à New York et Cleveland confortant, s’il en était encore besoin, sa reconnaissance internationale.
C’est de France pourtant que la commande publique la plus spectaculaire lui est passée en 1952 : décorer le plafond de la salle Henri II, dite alors salle des Etrusques, au cœur du musée du Louvre. Inauguré l’année suivante, ce plafond fait entrer Georges Braque de son vivant dans la grande histoire de l’art, dix ans avant Marc Chagall et son plafond peint pour l’Opéra de Paris.
À la même époque, sa peinture de chevalet est fortement marquée par un retour au thème de la nature morte, l’artiste affirmant que « dans la nature, il y a un espace tactile, […] presque naturel » qui le séduit et l’attire. Cette fascination constante pour ce que les britanniques appellent « still life » (traduisible en « vie silencieuse ») est née pendant sa période cubiste. Dans un entretien avec Georges Charbonnier diffusé sur France Culture, Braque estime que le public a « l’air d’ignorer totalement que ce qui est entre la pomme et l’assiette se peint aussi ». L’artiste précise que c’est cet espace généralement non considéré par les peintres lui qui l’attire au plus haut point en ce qu’il constitue « un élément aussi capital que […] l’objet. C’est justement le rapport de ces objets entre eux et de l’objet avec l’entre-deux qui constitue le sujet ».
Le Pichet au rameau que nous dévoilons aujourd’hui est une toile extrêmement caractéristique des natures mortes peintes par Georges Braque au milieu des années 1950. En disciple de Chardin et Cézanne, Braque anoblit des objets du quotidien, simples d’apparence, pour faire de ce genre un champ de recherche exceptionnellement fécond : verticalité du plan, suppression des lignes de la perspective classique, éclairage frontal, lisibilité de la composition…
Dimitri Joannidès
Provenance
> Collection du Docteur Pierre Lesieur, Dieppe
> Collection privée, France
Bibliographie
> Galerie Maeght, Catalogue de l’œuvre de Georges Braque, Peintures 1948-1957, Paris, 1959, reproduit sous le n°95b
Authenticité
Cette œuvre est accompagnée d’un certificat du Art Loss Register en date du 26 août 2020
Rapport de condition
Tableau rentoilé. Quelques zones présentent des craquelures (en particulier dans la partie inférieure droite).
De très légères altérations sur certaines des bordures.
Encadré (cadre endommagé)