Le Figaro : « Coronavirus: quand le commissaire-priseur fait son one-man-show à distance »

Chez FauveParis, Cédric Melado se met en scène avec ses objets pour des ventes aux enchères à huis clos. Rendez-vous le 28 mars.
Par Valérie Sasportas

«Bonjour à tous! Je suis Cédric Melado, commissaire-priseur chez FauveParis. Il est 9 h30. Et je vais bientôt descendre pour la vente qui commence dans une heure», lance l’élégant marteau de la maison du Haut-Marais, une tasse de café et les clefs de son appartement dans une main, son téléphone portable qui le filme dans l’autre. La vidéo en direct est sur WhatsApp. Ce samedi 21 mars, la France vit confinée pour lutter contre la propagation du coronavirus, le Conseil des ventes, organe de régulation du marché, a demandé aux opérateurs de ne plus organiser d’enchères «sauf en numérique» et sous réserve du respect strict de l’ordre du gouvernement.

On suit Cédric Melado comme s’il s’agissait d’une émission commençant dans les coulisses : il sort de son appartement, descend les deux étages qui le séparent de l’étude et entre dans la grande salle. Elle est vide, rideaux de fer baissés. « Je pense qu’une partie de l’équipe est déjà en place. Je vous dis à tous : bonjour !« , lance-t-il, enjoué. Sur un écran d’ordinateurs, les visages de ses collaborateurs, Angéline, Nicolas, Simon, Dimitri et Lucie-Éléonore, apparaissent dans un ruban de visioconférence. « Bonjour » , saluent-ils en chœur. Dans son huis clos, Cédric Melado s’est installé « un petit public, pour se sentir moins seul« . Un public particulier, constitué de certains lots de la vacation du 28 mars dédiées aux civilisations. « C’était un sport, mais le jeu en valait la chandelle ! » témoigne Dimitri Joannidès. Car 79 % des 110 lots ont trouvé preneur ce 21 mars pour un total de 205 750 €, sans l’estimation basse, et un nombre record de connexions simultanées, 285 personnes à 11h15 sur Drouot Live, contre 90 à 120 à l’accoutumée.

Samedi 28 mars, la vente aura lieu dans les mêmes conditions. Le catalogue est éclectique avec des livres illustrés modernes signés Dante, Dali, Utrillo, Kisling, à saisir dans une fourchette de 200 à 1500 euros. Le vendeur inquiet de la crise sanitaire pressait le commissaire-priseur de les mettre à l’encan. Ce sont les premiers lots.

Verseuse à alcool de Chine

La suite correspond mieux à l’esprit de cette vente dédiée à l’archéologie, aux arts précolombiens et anciens d’Orient, d’Asie. Parmi les trois lots phare : un grand vase à acrobate Colima du Mexique, accessible pour 1000 à 1500 euros, une statuette en bois et tissus du Pérou, datée de 800 à 1200 après J.-C., estimée 2500 à 3500 euros, de culture Chancay ou Chimu. Le point d’orgue sera sans doute cette verseuse à alcool de Chine provenant d’une collection francilienne, avec un décor de quatre dragons et chauve-souris, couleur corail sur fond bleu et blanc, portant une marque Yanghetangzhi au revers (25 000 à 35 000 euros). Cédric Melado est confiant. « On ne peut pas délivrer les lots pour le moment. Mais nous n’appliquons évidemment pas de frais de stockage » indique-t-il. Attaché au « côté spectacle » de sa profession, il tient à exposer les œuvres qu’il disperse, même sans le public : « Elles mettent un peu d’ambiance« , ouvrent des mondes intérieurs, font « oublier le corona« .

Vente « Civilisations », samedi 28 mars à partir de 10h30 chez FauveParis au téléphone (01 55 28 80 90) et sur internet (fauveparis.com).

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