Redécouverte majeure d’un repentant de haut vol

Ce Saint Pierre repentant de Claude Vignon, mentionné comme «perdu» dans le catalogue raisonné de l’artiste, a été redécouvert début septembre par Maître Alice Landry lors de l’inventaire d’un château du centre de la France.

N’y allons pas par quatre chemins, Claude Vignon est tout simplement l’un des plus grands peintres français du XVIIe siècle ! Protégé de Louis XIII et ami de Simon Vouet, Vignon a passé près de dix ans à Rome où, sous l’influence des œuvres du Caravage, il s’intéresse aux figures incontournables de la peinture religieuse. Son célèbre Martyre de saint Matthieu, exécuté en 1617 à 24 ans à peine, le propulse rapidement dans la cour des très grands.

Sa vie ô combien romanesque est si étonnante qu’il nous est parfois permis de douter de l’honnêteté de ses biographes ! En effet, Vignon aurait tour à tour survécu à un coup d’épée qui lui aurait transpercé le crâne de part en part, engendré 34 enfants de ses deux mariages et peint en seulement 24 heures un grand tableau de douze figures consacré au Martyre de sainte Catherine ! Fort heureusement, ses peintures, aujourd’hui exposées dans les plus grands musées du monde, témoignent d’un état de fait vérifié et incontestable: Vignon est un technicien virtuose doté d’une touche singulière qu’aucun de ses élèves n’a su copier. Nous voilà donc rassurés !

Comme cette importante huile sur toile nous le prouve, Claude Vignon a appris du Caravage et de ses suiveurs l’art de représenter de beaux vieillards vigoureux au visage baignant dans la lumière, souvent présentés à mi-corps sur un fond sombre. L’artiste a approfondi ce sens aigu de la mise en scène au contact de la peinture espagnole, austère et magnétique, lors d’un séjour dans la péninsule ibérique. Après un deuxième à Rome où il acquiert des œuvres pour le compte du roi de France, Vignon retourne à Paris en 1651 et enseigne à l’Académie royale de peinture.

C’est donc en France dans la dernière partie de sa carrière que le peintre s’attelle à ce Saint Pierre repentant dont il existe une mise au carré préparatoire à la sanguine très finie. Ainsi qu’une eau-forte publiée chez Langlois puis chez Mariette au XVIIIe siècle. L’estampe diffusée alors portait la mention du privilège, signe de l’importance de ce tableau pour Claude Vignon.

À travers cette mise en vente, FauveParis souhaite rendre un hommage tout particulier au collectionneur chez qui ce tableau a été redécouvert. Pendant plus de trente ans, cet amateur passionné et éclairé a soutenu, seul contre tous, que ce Saint Pierre repentant ne pouvait avoir été peint que par un artiste de premier plan. Mis sur la piste de Claude Vignon par une conservatrice du Musée des Beaux-Arts de Nantes dans les années 1990, il a poursuivi ses recherches avec opiniâtreté jusqu’à ce que nos équipes et celles du cabinet d’expertises Turquin confirment l’authenticité de cette œuvre d’un des peintres les plus incontournables du XVIIe siècle français.

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