Le Picasso des folles années

Après la première guerre mondiale, Montparnasse attire de nombreux·ses auteur·e·s et peintres, dont Pablo Picasso qui s’installe en face du cimetière. Peu de temps auparavant, le maître espagnol a vécu un vif retour à l’ordre dans sa peinture, empruntant une voie plus classique, au contact notamment de son épouse Olga dont ses ami·e·s disent qu’elle l’embourgeoise sacrément.

Pourtant, l’attirance pour le « surréel » titille Picasso ! Et, lorsque le mouvement surréaliste naît officiellement en 1924, c’est un souffle nouveau qui pénètre la poésie, le cinéma et, bien sûr, la peinture. Paris devient la capitale mondiale des arts et le lieu de rencontre privilégié pour les artistes et les intellectuel·le·s de tous horizons. Et côté rencontres, Picasso n’est pas en reste ! Tout en autorisant Man Ray à reproduire ses oeuvres dès 1922, le peintre s’attelle à la réalisation des décors de l’adaptation d’Antigone par Jean Cocteau au théâtre de l’Atelier. En 1924, Picasso poursuit son aventure théâtrale, initiée avec les Ballets russes huit ans plus tôt, en créant les décors et costumes de Mercure au théâtre de la Cigale. Mais le spectacle suscite de violentes critiques.

Comme en 1917, lorsque Guillaume Apollinaire l’a défendu pour avoir dessiné le rideau de scène et les costumes du Ballet Parade, Picasso reçoit un soutien sans faille du groupe surréaliste qui publie un « Hommage à Picasso » dans Paris-Journal. L’année 1925 marque une rupture nette pour Picasso qui explore une voie plus brute, plus violente mais également plus colorée. Serait-ce l’influence de sa jeune maîtresse Marie-Thérèse Walter, arrivée depuis peu dans sa vie ? Toujours est-il que Picasso clôt pour de bon cette période ingresque – ou « duchesse » pour ses détracteur·trice·s – en triturant les formes, déformant les corps jusqu’à la dislocation et au monstrueux.

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