Les pétales s’étalent

Il était une fois une tendance classée dans une hiérarchie bien établie, celle des petits genres. Mais, à y regarder de plus près, ce genre se révèle bien plus grand qu’on ne le pense..

Une fleur, un fruit, une table dressée, combien de pétales dessinés au travers des siècles, combien de bouquets qui ne faneront jamais ? Un silence que l’on regarde, un parfum que l’on imagine, une épine qui ne blesse pas. Qui parle de nature morte ? Car mortes, les histoires que racontent ces œuvres ne le sont certainement pas ! En Italie, aux Pays-Bas, en Espagne aussi bien qu’en France au XVIIe siècle, la nature morte se charge d’intentions morales si fortes que cette peinture devient comparable aux sujets d’histoire les plus édifiants.

Que signifie donc ce papillon ? L’immortalité de l’âme naturellement. Dans l’Antiquité, l’âme quittant le corps ne prenait-elle d’ailleurs pas la forme d’un papillon ? Cette miche de bon pain, ce verre de vin seraient-ils des références à la Rédemption? Et ces citrons découpés en spirale? Il s’agit bien d’une représentation de la fuite inexorable du temps ; tempus fugit nous sussurent toutes ces fleurs à l’oreille.

Pourtant ces bouquets de roses écloses et peuplant les vanités raffinées du Grand Siècle font aussi office d’ornement au sein des vastes décors de la fin du XVIIe siècle. La vocation méditative jadis si prisée tendrait-elle à fâner à son tour ?

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