Le fauve de la vente… feule dans la douce nuit romaine

« Sei la madre, la sorella, l’amante, l’amica, l’angelo, il diavolo »
« Tu es la mère, la soeur, l’amante, l’amie, l’ange, le diable »

Marcello, héros du chef d’œuvre La Dolce vita, 1960

 

La panthère mondaine et la terreur des souris se sont reconnues, sans mot dire. Et ont été croquées en plein abandon l’une à l’autre par un photographe opportuniste. Mais qui est vraiment le fauve dans cette affaire : l’actrice, le chaton ou le photographe ?

Sylvia, magnifiquement incarnée par Anita Ekberg, symbolise une forme de jouissance animale qui ne s’endort, telle Marylin, qu’habillée de « deux gouttes de parfum français »… Prima donna carnassière, elle n’en fait qu’à sa tête et dévore ses proies, de Robert à Marcello en passant par Frankie.

Comme elle, le chaton des rues est trompeusement vêtu de blanc. Il cherche un peu de lait et sa survie dépend de sa faculté à devenir la terreur des nuisibles, au coeur de la jungle urbaine. Il faut dire que le Romain, tout à son miracle économique, n’a que faire d’un chaton errant ! Incapable de feuler, trop jeune pour rugir, le petit chat manipule pourtant déjà la reine de la jungle cinématographique.

Le photographe quant à lui, terrible prédateur argentique, est soumis à la rude concurrence de ses confrères. Mais c’est bien lui qui parvient à saisir pour l’éternité cet instant d’innocence entre deux panthères blanches. Extrait d’une meute paparazzesque dont il est devenu le roi, nous ignorons jusqu’à son nom. Et pourtant, ce cliché légendaire est devenu le parfait emblème d’un film et d’une époque.

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