Le fauve de la vente… coiffe un Médicis

Vous aurez remarqué qu’un lion étrange coiffe le chef de ce brave Laurent II de Médicis. Est -ce cela qui rend notre duc d’Urbino si pensif ?

On doit la statue originale dont ce marbre est la réplique à Michel-Ange, rien de moins ! Conservée dans la nouvelle sacristie de la basilique San Lorenzo de Florence, elle fait partie des nombreuses rondes-bosses qui ornent les tombeaux des deux Laurent et des deux Julien de Médicis. Comme souvent (le Pape Jules II et son interminable monument funéraire romain pourraient en témoigner), Michel-Ange n’est pas allé au bout de cette commande prestigieuse.

Mais cela ne l’a guère empêché de l’avoir truffé de symboles mythologiques, historiques et religieux. Notre Laurent II, se présentant à l’éternité, incarne l’allégorie du Crépuscule. Espère-t-il que sa coiffe, à l’image de celle d’Hercule ayant terrassé le lion de Némée, lui permettra d’échapper au regard des forces infernales ? Rien n’est moins sûr…

Après tout, il est l’un de ceux pour qui le mot « népotisme », si négatif et si décrié, a été créé. En effet, à défaut d’être pères, les Papes avaient la fâcheuse habitude de gâter leurs neveux (nepos en latin) en octroyant missions et charges aux bons à rien de la famille. Et le jeune duc d’Urbino, neveu de Léon X et petit-cousin de Clément VII, n’échappe pas à la règle, loin de là ! Son fait d’arme ? Avoir piteusement mené à leur perte les hommes de la seule campagne militaire qu’on lui ait confié… Michel-Ange aimait l’ironie !

Lot 71 page 53

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