Le fauve de la vente chante le lion des Andes

Le saviez-vous ? Un tiers des aquamaniles médiévaux existant encore aujourd’hui ont la forme d’un lion. Bien que plus tardive, la verseuse présentée ici respecte ce modèle.

Lorsque dans nos vertes campagnes
La nuit
Descend du sommet des montagnes
Sans bruit…
Malheur à toi qui dans nos plaines
Poursuis un voyage imprudent…
Entends-tu des forêts lointaines
Sortir un long rugissement ?…*

Passant qui t’approches de moi,
Ah ! Pauvre hère
Empli d’alarme et d’effroi;
Je fus naguère
Forgé par un kobold en son
Domaine
Souterrain – c’est son Avalon –
Sans peine.

À un prince indo-portugais,
Noble senhor,
Le kobold  me fit expédier.
D’argent, non d’or,
Des mines de mon seigneur extrait,
Ses mains,
D’une eau par ma gueule versée
J’étreins.

Ainsi, mon nom est mon usage,
Aquamanile !
À ce seul rôle je m’engage,
Parfois futile.
Mais gare ! Entre chien et loup,
Hâtif,
Si tu m’y provoques, d’un coup
De griffe,

Je saurai t’inciser le chou !
L’artère
Rompue, tu souffleras, tout doux :
« Enfer ! »
Malheur à toi qui sous mon flair
Poursuis ton voyage imprudent…
Entends-tu dans ma Cordillère
Retentir mon rugissement ?

* Cette première strophe est volée à Gérard de Nerval, et constitue le début de la Chanson de Han d’Islande

Retour à la liste des articles