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Les fauves de la vente se promènent

La sculpture de panthères n’est pas franchement nouvelle. L’encyclopédie de Diderot nous rappelle déjà que « c’est l’animal favori de Bacchus, et qu’on trouve souvent représenté sur ses monuments », et qu’elles sont liées au dieu Pan, dont leur nom viendrait. Mais les panthères de Decoux, ce n’est pas tout à fait la même chose. Regardez-les : affranchies du poids de la mythologie, ou même du réalisme (après tout, les panthères ne se baladent pas ensemble, ce sont des fauves territoriaux, chacun son territoire et gare à qui transgresse la règle !), elles s’inscrivent dans la lignée de Bugatti et Pompon. Elles se promènent, noblement, tranquillement, ensemble.

Decoux étant contemporain de la société victorienne, nous ne pouvons nous empêcher de penser à ces gens de la bonne société (si si, le parallèle est valide, les fauves sont après tout les aristocrates du règne animal), allant se promener au parc, afin de montrer à tous la richesse de leur tailleur luxuriance de leur pelage qui met en valeur la noblesse de leur silhouette et la blanche peau de qui n’a pas à se commettre dans d’infâmants travaux de force leurs muscles harmonieux. Et ces gens, fauves de la haute société, nécessairement indifférents aux spectateurs, forcément inférieurs à la noblesse d’une lady panthère, telle la deuxième de celles représentées ici, jettent tout de même, de temps à autre, sous couvert de se tourner vers leurs ami·e·s, un regard en biais, tel·le·s notre première panthère, pour s’assurer de recevoir une juste admiration parce qu’elles le valent bien.

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