Des CoBrA mordants

Le mouvement CoBra doit son nom aux villes d’origine de jeunes artistes qui se fédèrent en 1948 : Copenhague, Bruxelles et Amsterdam.

Alechinsky, Appel, Constant, Corneille, Dotremont et Jorn imposent une nouvelle esthétique à tendance franchement expressionniste.
Leur propos, loin de la froideur nordique que l’on imagine, est volontiers potache puisque qu’ils affirment vouloir n’aller « dans les musées que pour enlever les muselières ! ».

Si l’existence de CoBrA est brève (1948-1951), le mouvement fait connaître deux immenses artistes : Appel et Corneille. À Paris, les deux amis sans le sou vivent en face de la Halle aux cuirs dans d’anciens entrepôts de séchage de peaux transformés en ateliers.
De leurs fenêtres, ils contemplent malgré eux l’effroyable spectacle des peaux sanguinolentes et des traînées rouges laissées sur le sol !
Tout un imaginaire pour ces peintres dont le travail n’est pas encore pris au sérieux dans la capitale française où l’École de Paris règne en maître. Des deux, Appel est le plus figuratif, adepte d’un imaginaire proche du dessin d’enfant. Corneille, quant à lui, a une approche plus poétique, plus littéraire et plus onirique de la peinture.


Au fil des ans, les amis empruntent des chemins différents et font évoluer leurs univers respectifs. Appel poursuit une voie informelle qui le mène à la Nouvelle figuration, rêvant de ne peindre plus qu’ « instinctivement, comme en enfant ». Corneille peuple avec humour un monde irréel où se mêlent oiseaux, poissons et bonshommes. Dans les années 1960, Corneille se confie au critique Michel Ragon : « J’ai en moi un côté hollandais, mais je veux pourtant aller à l’encontre de la propreté méticuleuse, de la netteté à la Mondrian. Les formats différents, et surtout les différentes techniques : lithos, céramique, peuvent déclencher en moi une nouvelle imagination de formes ».

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