Le baron qui aimait Coco

Cette œuvre du Baron Adolf de Meyer est une charmante illustration du pictorialisme, un mouvement né en même temps que la photographie au XIXe siècle.

Dans les années 1920, Adolf de Meyer travaille à Paris pour le Harper’s Bazaar – grand concurrent de Vogue – devenant l’un des ttou·te·s premier·ère·s photographes de mode. Depuis quelques années déjà, le Baron est membre du Linked Ring, une association anglaise de photographes dont la volonté était la reconnaissance de leur intention esthétique. C’est dire l’ambition de ce jeune allemand né à Paris à l’heure où cette discipline peine encore à se faire une place !

Coco Chanel s’offre ici à l’œil du Baron fantasque, dans un tailleur beige, patins à glace en mains dans un décor arboré artificiel. Pose, cadrage, composition : tout résulte de la volonté d’Adolphe de Meyer de s’inscrire pleinement dans l’esthétique pictorialiste qui se réfère en permanence à la peinture. Accoudée à sa barrière, la célèbre couturière nous rappelle en effet ces portraits de la Renaissance où les sujets, appuyés contre un parapet ou un muret comme pour mieux délimiter l’espace réel du fictif, établissaient de fait une distance avec le spectateur.

Lors du développement des clichés, des encres grasses ou des gommes bichromatées donnaient alors des contrastes particuliers aux images. Et ce grain particulier, qui caractérise la touche du Baron de Meyer, connaît un énorme succès auprès des couturier·ère·s qui y décèlent un potentiel de visibilité auprès du public tout à fait exceptionnel. En recevant ces vœux anonymes adressés pour fêter l’année 1929, quel·le élégant·e Parisien·ne résisterait à l’exercice de l’identification…

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