Monde enfantin : Kô et Kô les Deux Esquimaux.

Antonio Pedro da Costa, poète, peintre surréaliste et metteur en scène, rencontre Vieira da Silva à Paris dans les années 1933-1934. Une profonde relation d’amitié s’installe entre les couples formés par Antonio Pedro et Maria Manuela Possante d’un côté, et Vieira da Silva et Arpad Szenes de l’autre. La dédicace « avec beaucoup de sympathie et d’admiration » que Vieira da Silva appose sur cet ouvrage en témoigne. Il s’agit là d’un cadeau d’importance ! L’artiste offre en effet son propre exemplaire non numéroté qui lui était réservé, enrichi de surcroît des gouaches originales les plus intéressantes, celle représentant les personnages qui, une fois pliés, prennent vie dans le décor peint par Vieira et décrits par Gueguen. Cette admiration artistique est réciproque, au point qu’Antonio Pedro est le premier à faire découvrir Vieira da Silva au public portugais en 1935. Il l’expose alors en compagnie d’Arpad Szenes à Lisbonne dans sa Galeria UP, la galerie d’art contemporain la plus importante du Portugal à l’époque. Ce livre marque également le début d’une longue et fructueuse collaboration entre Vieira da Silva et Jeanne Bucher, des 25 ans de l’artiste jusqu’à sa mort. La célèbre galerie parisienne a grandement contribué au succès de celle qui allait devenir la peintre portugaise la plus prisée de la seconde moitié du XXe siècle. Avec le recul, l’histoire de Kô & Kô semble évoquer, avec un brin de malice, le parcours initiatique et prophétique de l’œuvre de Vieira da Silva, en perpétuelle recherche d’une lumière douce et poétique. Les paysages et les architectures y sont certes encore figuratifs mais ils annoncent déjà de manière vibrante l’univers abstrait à venir.

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