Au début du XVIIIe siècle, un voyageur d’un type nouveau parcours les sentiers et les routes de l’éternelle Italie. Ni militaire, ni conquérant, ni même pèlerin prosélyte, qui est donc ce voyageur d’agrément ? Tout simplement un homme désirant parfaire son éducation en réalisant son Grand Tour ! Où se rend-il ? À Rome, Florence, Venise et Naples, succombant à l’appel de la beauté tout autant qu’à la mythique traversée des Alpes.
Mais Naples n’est pas une cité italienne comme les autres. C’est d’abord l’une des plus belles baies du monde, dominée par le Vésuve, un volcan en éruption quasi continue. Depuis toujours, il fascine les voyageurs, inspire les peintres et passionne les archéologues. Le phénomène des gouaches napolitaines est celui de la peinture dite de « souvenir », proposée aux voyageurs et réalisée par des artistes qui s’accaparent les couleurs vives de l’aquarelle et de la gouache. Cette nouvelle technique, plus rapide d’exécution que la peinture à l’huile, offre aux naturalistes comme Pietro Fabris la possibilité de transcrire rapidement les coulées de laves rougeoyantes et de produire des vues de la baie de Naples.
Le point de vue retenu est souvent celui de Pausilippe, un faubourg à l’ouest de la ville. Le Vésuve y est représenté à l’arrière-plan, éclairé par un ciel d’azur. Sur le quai, des personnages portant le bonnet rouge caractéristique de la région déambulent, promenant leur desinvoltura jusque tard dans la nuit. Les variantes sont nombreuses car des centaines de peintres s’essaient à cet exercice qui dure plus d’un siècle jusqu’à l’apparition de la photographie. L’adage « Vedi Napoli e poi muori » (voir Naples et mourir) ne saurait mieux tomber quand on sait que Morire est une ville située… au pied du Vésuve